Arnaud Augoyard en Roumanie
Récit de la Roumanie, par Arnaud Augoyard, pilote rallye en France venu en Roumanie pour la Coupe Joe Logan !
Arrivée Bucarest Baneasa 14h15 heure locale. Après le contrôle des douanes, ma première vision sur le monde extérieur est des Logan.
Antoine Colette, un compatriote Français immigré en Roumanie, est chargé de me récupérer pour me conduire chez Mach 1 Motorsport, la structure de George Grigorescu. Ce dernier a été champion national de rallye, il est aujourd’hui concessionnaire Renault, organisateur de la Dacia Logan Cup JOE et préparateur de la majorité des Renault qui courent en Roumanie ; en d’autres termes c’est Mr Renault Roumanie.
Le trajet de l’aéroport à Mach 1 nous fait traverser la capitale dans le sens Nord – Sud. On ne peut pas dire que j’ai été emballé par l’architecture, seuls quelques bâtiments ont survécu à l’histoire de ce pays. Pour le reste ce sont de grandes tours en béton. La circulation se fait au klaxon, et le danger arrive quand il faut traverser les voies du tramway pour rejoindre une artère principale !!! Malgré tout cela, conduire en Roumanie est plus plaisant que chez nous, on n’a pas la peur au ventre omniprésente de se faire ponctionner par les forces publiques, même si l’infraction ne faisait que fluidifier le trafic ou n’avait aucun caractère dangereux. Dans la dense circulation, on retrouve tout un panel de Dacia souvent personnalisées car à l’époque c’était la voiture de tout le monde, aujourd’hui on trouve les derniers 4×4 de ville, des sportives derniers modèles ou de luxueuses berlines.
Arrivé chez Mach 1 Motorsport, je rencontre George qui me fait visiter la structure : premier échange linguistique avec l’équipe, réglage du baquet de la Logan, installation de la caméra. Il est déjà 17 heures, mon estomac de Frenchy me rappelle que je n’ai Pas mangé, et au pays du sarmale (la spécialité culinaire locale) on mange quand on a faim et quand on a le temps, pas à 13h et à 20h.
En soirée nous allons dans les rues de Bucarest prendre un verre. J’en profite pour me faire expliquer la vie Roumaine, et il faut suivre car le pays est en plein boom. Ces dernières années, le High-Tech, la grande distribution et le Libéralisme ont envahi les grandes agglomérations roumaines, alors les habitants en profitent, peut être même avec excès, grâce aux organismes de crédits.
La suite du périple m’emmène à Brasov, en compagnie de George (Grigorescu) dans la Logan Cup. Les déplacements sont longs, le réseau routier est dépassé par la croissance fulgurante du pays. Sur la route on croise les premières charrettes de villageois : il est 23h, il fait nuit et les chevaux ne produisent pas d’électricité donc la prudence est de mise !!
Avant les premiers cordons des Carpates méridionales, j’aperçois des derricks, de moins en moins nombreux car le pétrole est de plus en plus bas. Arrivé dans la montagnes, les routes se dégradent, il faut slalomer entre les trous, les bosses, les chiens errants et les charrettes, vigilance, vigilance !! La nuit fut courte, mais l’accueil exceptionnel dans la maison familiale Grigorescu à Brasov.
Le lendemain matin il faut continuer la route pour Cluj, la ville du rallye. De l’autre côté des montagnes c’est la Transylvanie, de grands plateaux tout juste vallonnés, et parsemés de forêts. Arrivés à 40kms de la ville, George me fait bifurquer à Turda pour aller reconnaître la plus longue spéciale du rallye.
La pluie s’est invitée, rendant la spéciale très rapide tracée au milieu des prairies, presque impraticable. Notre Logan étant chaussée de pneus terre il n’y aura aucun problème. A la sortie de la spéciale nous nous rendons au PC course pour récupérer tous les documents nécessaires aux reconnaissances.
Le nombre de passages est limité à trois et les voitures (Mitsu, Sub, Dacia.), comme le veut la règle FIA, peuvent être équipées Gr.N (arceau, baquet, suspensions etc.) Nous pouvons maintenant nous rendre sur les autres spéciales qui passent au cour des vergers, la topographie ressemble un peu à celle que l’on peut rencontrer au terre de Provence mais le sol est très dur, très compact car ces chemins sont utilisés au quotidien par les voitures et les charrettes.
Les reconnaissances m’ont permis de passer dans des villages retirés où je me suis arrêté pour ne penser à rien, faire le vide et apprécier une vie simple que je ne soupçonnais pas. En soirée George me présente Edwin Keleti, le principal journaliste automobile Roumain. Ils me font connaître la cuisine Hongroise (Cluj étant l’ancienne capitale de l’empire Austro Hongrois.) : soupe de bouf et poulet au paprika.
Jeudi : reconnaissance des deux autres spéciales, atypiques de par leur rapidité, avec quelques jumps qui n’ont rien à envier à la Finlande. Je me suis contenté de 2 passages pour que Georges puisse se rendre sur le shakedowns avec ses clients. Pendant ce temps j’ai visité le centre ville de Cluj, beaucoup plus jolie que Bucarest : on trouve des bâtiments anciens avec beaucoup de couleurs, le tout moins pollué visuellement que Bucarest où des kilomètres de câbles électriques vétustes et obsolètes restent accrochés aux poteaux.
Vendredi matin après avoir été rejoint par Nicolas Baudin et « Babas » je fonce à la conférence de presse. 14 heures, départ du rallye : 42 équipages pour 125 kms de chrono répartis en 11 spéciales dont 3 pour la journée du Vendredi.
Ma première invitée VIP sera Irina une journaliste de la chaîne Realitatea TV. Nous nous élançons pour les 2 première spéciales, Bogdan Stanoiev le leader de la catégorie débutant me précède à chaque fois. Arrivé au départ de la super spéciale, stupéfaction, une foule Inimaginable se presse autour du circuit en parallèle, la télévision est là pour retransmettre en direct la super spéciale à une heure de grande audience, et un des plus grands groupes de musique Roumaine est prêt à enflammer la ville à l’issue du show, le tout gratuitement !!!!!!!!!!! Alors je pars et j’essaie de faire le plus beau spectacle possible, 2 roues, glisses, et le public est conquis.
Courte nuit de nouveau, il faut dire que le mot dormir en Roumanie n’a pas le même sens que chez nous, c’est comme manger on fait ça quand on a le temps.
La journée du samedi est la plus longue alors je suis décidé à rouler le plus vite possible sans note pour essayer de devancer Bogdan. Mon copilote matinale est Victor, un député de la République, leader de son parti, il est passionné de rallye et va disputer la Dacia Logan Cup en 2008 aux côtés d’Edwin (le journaliste), s’en suit Ioana le responsable des relations presses pour Dacia et enfin Patricia la fille de George qui s’est efforcée de me donner les notes en Français sans aucune erreur. En fin de journée j’avais réalisé l’intégralité des meilleurs temps dans le cadre de la Logan Cup. La remise des prix s’est déroulée dans le plus grand Club de Cluj avec les vidéos du rallye, ambiance assurée ; je me suis même lancé dans un discours en Roumain pour remercier Georges et son équipe.
Le lendemain nous avons fait le chemin du retour à Bucarest.
Sur la route nous avons visité le village de Sighisoara une vieille ville fortifiée où nous avons mangé dans la maison de Vlad Dracul le père du légendaire Vlad l’Empaleur (Vlad Tepes Dracula).
La rentrée dans Bucarest me rappelle que l’avion est dans quelques heures.
Cette semaine sera pour moi ma première expérience à l’étranger mais quelle expérience !!